Remy Charlip
Remy
Charlip est né à Brooklyn, New York, en 1929. Il est mort le 14 août 2012 à San
Francisco. Enfant, il rêvait d’être clown, fermier, artiste, violoniste et
c’est un peu tout cela qu’il est devenu.
Danseur
et chorégraphe, illustrateur, metteur en scène, graphiste et professeur, Remy
Charlip est
un esprit libre.
Il
a commencé par étudier le design textile au lycée puis le graphisme à l’école
des arts décoratifs Cooper Union de New York. Sa vie a été une suite de
rencontres et de travail avec de nombreux artistes américains mais aussi du
monde entier dans de nombreux domaines de l’art en particulier la danse et le
théâtre.
Il
lui faut aussi gagner sa vie en dessinant des affiches ou des couvertures de
livres, en donnant des cours de théâtre aux enfants. Ainsi se construisent les
multiples relations amicales que Charlip saura si bien tisser dans la matière
même de ses créations.
À
vingt ans il danse dans « Les Mariés de la Tour Eiffel » de Jean Cocteau et «The only jealousy of Emer» du poète anglais Yeats. Lou Harrison, figure majeure
de la musique expérimentale, en signe la partition musicale. Une longue amitié
avec le musicien qui sera aussi son compagnon commence. Elle permettra à
Charlip de connaître l’avant-garde. À ce moment-là dira-t-il j’ai connu les 100
personnes les plus intéressantes à rencontrer dans le monde. Lou Harrison lui
présente ses amis : Merce Cunningham, créateur de la célèbre compagnie de danse
et John Cage qui est au piano quand Charlip danse « Ragtime Parade » en 1950.
Il restera 11 ans dans la compagnie dont il est l’un des co-fondateur. De
longues collaborations commencent. Le dessin de costumes est l’occasion de
fréquenter des peintres comme Robert Rauschenberg ou Jasper Johns. Il fut aussi
l’auteur de la chorégraphie du premier spectacle de la compagnie du fameux
Living Théâtre.
Au
cours d’années fertiles pour l’art américain (1950-1960) il se rend à plusieurs
reprises en Caroline
du Nord, au Collège « Black Mountain ». C’est alors une école d’art
d’avant-garde. On
a parlé à son sujet d’un «Bauhaus américain» où enseigneront après la seconde
guerre mondiale des artistes comme Joseph Albers, et dont émergeront Franz
Kline, Wilhem de Kooning… 1952 marque l’apparition dans la culture américaine
du « Happening », mixte de différents medium de création : poésie, musique,
danse. Le texte de référence, qui circule parmi les artistes est alors Le Théâtre et son double d’Antonin Artaud paru en France avant la guerre et qui vient
d’être traduit en anglais. L’art s’envoie aussi par la poste et le « Mail Art »
apparaît sous l’influence de Ray Johnson. Dans ce bouillonnement circule le
petit bus Volkswagen peint par Rauschenberg et rempli de danseurs qui
deviendront célèbres. John Cage est au volant. « … our focus was nevertheless
single : art and life. No separation. John’s (Cage) credo-accepting the
multiplicity of things-was actively lived in the VWdays. »
Parallèlement
Charlip reste en lien avec les universités qui sont autant d’occasions
d’obtenir bourses
et subsides. En 1958 il fonde avec Judith Martin, une troupe de théâtre qui
joue pour un
public d’enfants, la compagnie « Paper Bag Players » qui existe toujours. Un
théâtre s’impose à lui à partir des objets de la vie quotidienne, le rideau de
la douche ou un sac en papier suffisent avec une paire de ciseaux à se
fabriquer un costume et improviser, comme il le proposera aux enfants dans
l’album : Déguisons nous ! / Let’s have a party ! de 1956.
Sa
carrière d’illustrateur de livres et d’auteur se construit, riche
d’innombrables recherches dans
le mouvement joyeux des objets et l’absence d’afféterie. Le succès et la
reconnaissance des
livres arrivent : Arm and arm est remarqué à la Foire du
livre de Bratislava dès sa sortie en 1969. Un nouvel aller-retour ramène
Charlip à la scénographie et aux costumes pour différents spectacles. Le
célèbre café « la MaMa » ou le Village Gate à New York abritent des spectacles
dans lesquels il intervient avec le peintre Andy Warhol ou l’auteur de théâtre
Edouard Albee. «
All my life I’ve taught that each person is unique, living their own version of
an artist-dancer-writer-singer-painter-musician. One way for me to share that
special balancing act with others is to take each art separately and present it
as simply as possible, without the hocus-pocus and snobbery, so that everyone
can see how it’s done. »
D’autres
pays font appel à lui : il se rend en Angleterre, en Australie, au Venezuela,
au Japon où pour l’ouverture de la foire internationale de Osaka en 1970 il
rend hommage à la danseuse américaine
Loïe Fuller qui s’enveloppait dans les textiles et la lumière.
Pour
Remy Charlip, il existe un lien fondamental entre la chorégraphie et le livre
d’images. Ces
deux formes de création, comme le théâtre, la bande dessinée ou le cinéma, ont
en commun la capacité d’être transformées, mises en boucle, coupées et
réorganisées.
Auteur
et illustrateur de 35 livres pour enfants et adultes dont les plus fameux sont
: It looks like snow (1957) Fortunately (1964) Mother, Mother I Feel sick, Send the doctor, Quick,
Quick, Quick
(1966) Arm in arm (1997). Charlip y utilise des jeux de mots, des énigmes, des comptines,
jouant sans cesse sur le rythme et sur les notions de déplacements du corps.
Parfois
il chorégraphie en images un duo d’échanges corporels entre une mère et son enfant,
comme dans Sleepytime Rhyme (1999). Une autre fois il dessine 6 pages de notations
chorégraphiques. Elles sont destinées à être envoyées par avion (Air mail
dance) à des danseurs et à des troupes de danse dans le monde entier. Le
programme mondial des représentations en constitue le texte. On y voit
notamment « Dance in a wing chair/Danse dans
un fauteuil (Reading Dance) » qui représente un personnage lisant un livre dans un fauteuil
dans seize positions différentes. Le lecteur se fait ainsi danseur en train de
lire. La lecture a trouvé son chorégraphe ! Comment ne pas penser à la série de
12 photographies montrant Bruno Munari lisant dans un fauteuil dans toutes les
positions (inconfortables) possibles et que l’on a vues dans son livre Fantasia, 1977. Si l’on sait que ces
deux grands fantaisistes ne se sont pas rencontrés, ils ont communiqué par
livres interposés. Remy Charlip envoya à Munari It looks like snow
dans une petite enveloppe rouge pour lui souhaiter une bonne année en
1957. Munari répondit, beaucoup plus tard en lui dédiant, ainsi qu’à John Cage
son célèbre Capuccetto Bianco. C’est ainsi que la création voyage d’un continent à l’autre. D’un
livre à l’autre. Par la réponse d’un artiste d’une génération à l’autre.
C’est
avec deux très grandes écrivaines américaines pour les enfants qu’il avait
commencé à illustrer des textes : Margaret Wise Brown - The Dead Bird – 1956 et Ruth Krauss - A
moon for a button -1959. On
lui a attribué de nombreux autres prix et il a été lauréat de la Bibliothèque Publique
de San Francisco.
Pendant 3 années de suite ses ouvrages ont été reconnus par le New York
Times comme
faisant partie des dix meilleurs livres illustrés de l’année. Il a également
obtenu le titre de
meilleur livre de l’année à la Foire du livre de jeunesse de Bologne avec son
ouvrage Arm in Arm : a collection of connections, Endless Tales,
Reiterations and other Echolalia-1997. En
France, On dirait qu’il neige est publié en 2000 par Les Trois Ourses. Une ligne de texte en
gros caractères court au bas de pages entièrement blanches, laissant
l’imagination de l’enfant totalement libre. De 0 à 7 ans tous les enfants en
admirent l’illustration ! Maman, Maman, j’ai mal au ventre (Circonflexe, 2003), relève
les petits rien - ou les grands drames - de la vie familiale. À Paris en 2004
il a réalisé, à l’invitation des Trois Ourses une performance avec des amis
danseurs à partir du projet du livre Reading Dance en guise de partition et
différents fauteuils pour scénographie. Une richesse nouvelle du livre apparaissait.
L’éditeur
MeMo a publié Rien en 2005, Où est qui ?,
Déguisons-nous, Heureusement, et Mon chat personnel et privé, spécialement réservé à
mon usage particulier en 2012.
La
rencontre entre les organisatrices de Minimondi (Parme, Italie), Les Trois Ourses
et Erika Bradfield - amie et collaboratrice de Remy Charlip - a permis de
réaliser l’exposition « Remy Charlip : Danzare il mio libro » en
2011 qui rend visible la pluralité de son travail de danseur et de chorégraphe,
d’homme de théâtre, d’auteur, d’illustrateur. À cette occasion Minimondi publie
le livre-accordéon Reading Dance.
La
proximité de Charlip avec le théâtre, son goût du jeu, sa connaissance profonde
de l’imaginaire des enfants lui font percevoir cet objet nommé livre comme une
partition à déchiffrer et à partager.
© Les Trois Ourses
Texte inspiré de "Remy Charlip : The Art of Being An Artist" de John Held, Jr.
Article du New York Times
Article du Publishers Weekly
BIBLIOGRAPHIE
ALBUMS
1956 - David’s littles indian. Texte de
Margaret Wise Brown. New York : Young Scott Books, 1956 / New York :
Hyperion, 1989 / New York : Dell Young Yearling, 1992
1956 - Dress up and let’s have a party.
New York : Young Scott Books, 1956 / Déguisons-nous.
Nantes : MeMo, 2008
1956 - The curious little kitten. Texte
de Bernadine Cook. New York : Young Scott Books
1957 - It looks like snow. New
York : Young Scott Books
1957 - Where is everybody ? New York : Young
Scott Books / Où est qui ? Nantes :
MeMo, 2008
1958 - The dead bird. Texte de Margaret
Wise Brown. Reading : Addison Wesley, 1958 / New York : Dell Publishing, 1979 / New York : Harper Collins,
1985
1958 - What is the world ? Texte
de Betty Miles. New York : Alfred
A Knopf
1959 - A moon or a button. Texte de Ruth
Krauss. New York : Harper
Brothers
1960 - A day of summer. Texte de Betty
Miles. New York : Alfred A Knopf
1961 - A day of winter. Texte de Betty
Miles. New York : Alfred A Knopf
1961 - Four fur feet. Texte de Margaret
Wise Brown. New York : Young Scott Books, 1961 / New York : Dell
Publishing, 1990
1962 - The three angels. Texte de Remy
Charlip et Judith Martin. New York : Alfred A Knof
1963 - Jumping Beans. Texte de Remy
Charlip et Judith Martin. New York : Alfred A Knof
1964 - Fortunately. New York : Parents
Magazine Press, 1964 / New York : Simon and Schuster, 1993 / Fortunatamente. Rome : Orecchio
Acerbo Editore, 2010 / Heureusement.
Nantes : MeMo, 2011
1966 - My very own special particular private and personal cat. Texte de Sandol Stoddard Warbug. Boston : Houghton Mifflin, 1966 /
Mio Miao, il mio unico specialissimo gato.
Rome : Orecchio Acerbo Editore, 2012 / Mon
chat personnel et privé spécialement réservé à mon usage particulier. Nantes :
MeMo, 2012
1966 - Mother Mother I feel sick send for the doctor quick quick
quick. Texte de Remy Charlip et Burton Supree. New
York : Parents Magazine Press, 1966 / Berkeley : Tricycle Press, 2001
/ Maman ! Maman ! J’ai mal au
ventre ! Paris : Circonflexe, 2002
1967 - What a fine day for… Texte de Ruth
Krauss. New York : Harper and Row
1967 - I love you. New York :
Avon, 1967 / New York : Scholastic, 1999
1969 - Arm in Arm. New York :
Parents Press Magazine, 1969 / Londres : Perpetua Press 1973 / Berkeley :
Tricyle Press, 1997 / Tokyo : Tokuma Shoten, 2001
1973 - Harlequin and the gift of many colors. Texte de Remy Charlip et Burton Supree. New York : Parents Press
Magazine, 1973 / Tokyo : Fukunkan Soten, 2008
1975 - Hooray for me ! Texte de
Remy Charlip et Lilian Moore illustré par Vera B. Williams. New York :
Parents Press Magazine, 1975 / Berkeley : Tricycle Press, 1996
1975 - Thirteen. Texte de Remy Charlip
et Jerry Joiner. New York : Parents Press Magazine, 1975 / Londres :
Aladdin Books, 1994
1997 – The seing stick. Texte de Jane
Yolen illustré par Remy Charlip et Demetra Maraslis. New York : Thomas
Crowell
1999 – Peanut butter party.
Berkeley : Tricycle Press
2000 - On
dirait qu’il neige. Paris : Les Trois Ourses
2000 - Why I will never ever ever ever have enough time to read this book. Texte de Remy Charlip illustré par Jonh J. Muth. Berkeley :
Tricycle Press
2002 – Baby hearts and baby flowers.
New York : Grinwillow Books
2003 – Little old big beard and big young little beard. Texte de Remy Charlip illustré par Remy Charlip et Tamara Rettenmund.
Singapour : Marshall Cavendish
2005 – Rien. Texte de Remy Charlip
illustré par Eric Dekker. Nantes : MeMo, 2005 / Niente. Rome : Orecchio Acerbo Editore, 2007
2007 – A perfect day. New York :
Greenwillow Books
2011 - Sembra proprio neve. Paris : Les
Trois Ourses, 2011
2011 - Reading dance. Parme, Italie : éditions Minimondi. À l'occasion de l’exposition « Remy Charlip : Danzare il mio libro » à Parme dans le cadre du festival Minimondi.
AUTRES
1974 - Handtalk : an ABC of fingerspelling and sign
language. Texte de Remy Charlip et Mary Beth.
Photographies de George Ancona. New York : Parents Press Magazine
1986 - First Remy Charlip reader.
Contact Editions
1987 – Handtalk Birthday : a number and story book in sign
language. Texte de Remy Charlip et Mary Beth.
Photographies de George Ancona. New York : Parents Press Magazine
1995 – Ideas for teaching art to children. Texte de Remy Charlip et Mary Beth. Photographies de George Ancona.
New York : Parents Press Magazine