Sophie Curtil
Née en 1949 à Paris.
Quelques souvenirs en guise de biographie
Je me souviens qu'enfant, à la maison où nous vivions à sept, j'aimais me mettre en retrait. Ma place privilégiée se situait entre le rideau et la fenêtre, d'où je regardais ma rue en rêvassant. Un autre moyen de me faire oublier était de dessiner. Les images, puis, quand j'ai su lire, les histoires, m'inspiraient beaucoup plus que le monde réel. A partir de 6 ans, j'allais chaque semaine dans l’atelier de peinture d’Arno Stern et, pendant le trajet en métro, je feuilletais le livre que j'avais choisi comme thème d'inspiration.
C'est aussi par les livres que j'ai découvert l'art. Ma mère avait dans sa bibliothèque deux livres sur l'art contemporain, celui des années 50. Je me souviens le mieux de deux tableaux que je n'aimais pas mais qui retenaient mon regard. L'un était de Picabia et l'autre de Picasso.
Un jour, je suis allée au Louvre avec l'école et je suis restée figée devant une statuette égyptienne. Elle représentait la déesse Isis et était placée au fond d'une niche. L'impression que j'ai éprouvée alors m'est revenue, vingt ans plus tard, devant une œuvre de Giacometti.
Vers 12 ans, j'ai eu un autre choc: la peinture de Cézanne. L'effet sur moi a été tel que, pour la première fois de ma vie, j'ai eu l'impression de comprendre quelque chose au monde qui m'entourait. Comme si d'un seul coup tout prenait place et sens. Depuis, je sais que l'art peut être la voie la plus directe pour accéder à une forme de connaissance qui n'est pas formulable avec des mots. Cézanne est resté, parmi tous les artistes, celui que je vénère le plus. Avant 1968, il était très difficile à Paris de suivre un enseignement artistique non académique. Je ne trouvais plus aucun sens à représenter la réalité extérieure, à dessiner des plâtres ou des nus - ce que j'avais fait dans des ateliers successifs pendant mes années d'adolescence. La première personne qui ait réussi à m'intéresser à la nature morte a été Lucien Lautrec. C'est lui qui m'a fait comprendre que pour peindre la réalité, il fallait d'abord avoir une vision picturale. Je suis restée 3 ans dans son atelier à peindre la même nature morte de différentes façons. Je trouvais sa pédagogie intelligente et novatrice et j'y adhérais avec passion. (...)
Sophie Curtil passe ensuite un an à Prague dans l’atelier de gravure de l’Académie des Beaux-Arts. De retour à Paris, elle ouvre un atelier de peinture pour enfants puis travaille à l’Atelier des enfants du Centre Pompidou ainsi qu’au Musée national d’art moderne.
Conceptrice des collections « L’Art en jeu » du Centre Pompidou et « Kitadi » du musée Dapper à Paris, elle joue passionnément avec l’art, favorisant le dialogue entre l’œuvre et les enfants, comme personne ne l’avait fait avant elle. Elle imagine une série de livres artistiques tactiles et propose aux Trois Ourses d’y participer avec l’éditeur Les Doigts Qui Rêvent (Dijon) qui fabrique des livres pour les enfants mal et non-voyants. Elle signe le premier volume, Ali ou Léo ? (2002), et confie les titres suivants à Katsumi Komagata : Plis et plans et Feuilles/Leaves. Ces livres exceptionnels ouvrent enfin aux non-voyants une porte sur l’art. Elle poursuit son travail de pédagogie avec son mari Miloš Cvach et ils publient ensemble L’Art par 4 chemins et L’Art par 1001 mains, parus aux éditions Milan. Sophie Curtil parvient à construire une pédagogie exemplaire tout en se consacrant principalement à sa création personnelle.
BIBLIOPHILIE
1989 – Frontispice (50 exemplaires) pour Cascades, par Vera Linhartova, Friedenauer Presse, Berlin Edition de gravures (25 exemplaires), Revue K, Paris
1990 – Frontispice (30 exemplaires) pour l'Effacement du nom, par Jean-Claude Schneider, Edition Hôtel Continental, Plancoët
1992 – Soleil de minuit, portfolio de six gravures, texte de Vera Linhartova, design de Jan Cincera, édition à compte d'auteur (10 exemplaires)
1999 – Intervention plastique sur un exemplaire du livre Le cuisinier de Warburton par Annie Zadek, Editions de Minuit, pour la Galerie Mathieu, Lyon
2001 – Participation au portfolio Saints and Sinners, Washington D.C., USA
2004 – 25 dessins originaux pour les exemplaires de tête de Rebonds, d'une oeuvre à l'autre par Sophie Curtil et Miloš Cvach, Edition du Pin, Fabras
EDITION JEUNESSE
1985 – Jeu de cubes, Centre Georges Pompidou, Edition Asco, Juziers
1985-1998 – Conception et co-direction de la collection l'ART EN JEU, Edition Centre Pompidou
Auteur des titres :
Léger, Les Grands Plongeurs noir, 1985
Arp, Pépin Géant, 1987
Delaunay, La Tour Eiffel (avec Milos Cvach), 1987
Giacometti, Grande Femme,II, 1989
Brancusi, Le Coq, 1990
Mondrian, New York City I, 1992
Klee, En Rythme, 1993
Pollock, Argent sur noir, blanc, jaune et rouge, 1995
Piano et Rogers, Le Centre Georges Pompidou, 1997
Torrès-Garcia, Composition Universelle, 1998
1991 – Zarbo (avec Miloš Cvach), Editions Milan
1991-1992 – Conception de la collection KITADI, Edition Musée Dapper
Auteur des titres :
Tchibinda, le héros-chasseur, 1991
N'tchak, un pagne de fête au pays des Kuba, 1991
Mia, les cuillers-sculptures, 1992
Masque vouvi, masque boa, 1992
2001 – Ali ou Léo? (livre artistique tactile pour enfants non-voyants) Co-édition Les Doigts Qui Rêvent/Les Trois Ourses
2003 – L'Art par 4 chemins (avec Miloš Cvach), Editions Milan
2006 – Le Musée en 10 couleurs, Co-édition Milan/Centre Pompidou
2007 – Des Petits clous de rien du tout, Edition les Trois Ourses
2008 – L'Art par 1001 mains (avec Milos Cvach) Editions Milan